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CRIMINOLOGIE : LES COMPTABLES MÈNENT L’ENQUÊTE !

20.09.2023

Septembre 2022, c’était une rentrée scolaire comme les autres, du moins en apparence. J’étais élève de Terminale et je préparais mon Bac sans faire de vague. Les enseignants me disaient sérieux, fiable, perspicace et c’est probablement pour ces raisons qu’ils m’ont confié cette enquête. Une sombre affaire, mais qui m’a permis de trouver ma vocation.

LES FAITS

À première vue, c’était plutôt simple : des fournitures du lycée disparaissaient sans que personne s’en aperçoive. Cependant, les vols étaient irréguliers et le matériel dérobé, choisi aléatoirement. Impossible donc d’anticiper les larcins et les suspects étaient bien trop nombreux pour être surveillés.

Le plus étrange, c’était que les affaires subtilisées disparaissaient aussi des fichiers de suivi des stocks, comme si elles n’avaient jamais existé. Puisque ces fournitures étaient commandées en gros, le détail n’apparaissait pas dans la comptabilité du lycée. Seule l’administration et les enseignants faisaient l’inventaire de leur matériel, parfois.

Les témoignages étaient pourtant trop nombreux pour que ces vols résultent de l’étourderie de la part de quelques-uns.

L’ENQUÊTE

J’ai donc mené des recherches, auditionné personnel administratif, enseignants et camarades pour trouver des indices. Il me fallait comprendre ce qui motivait ces vols :  était-ce pour du recel, un détournement de fonds ou simplement de la cleptomanie ?

Difficile d’établir un profil avec si peu d’informations. En théorie, peu de personnes étaient aptes à effectuer des commandes de matériel, mais la sécurité laissait vraiment à désirer. Les mots de passe des postes de travail étaient d’une simplicité déconcertante, tout comme l’accès aux documents sensibles ou aux bureaux de l’administration.

L’équipe pédagogique était soudée et personne n’avait de véritable mobile. Tous les soupçons portaient sur les élèves. “C’est encore un coup de Kévin ! C’est forcément lui ! C’est toujours lui !”

Il ne fallait pas que je tombe dans la facilité ou que je me laisse influencer par les intuitions d’autrui, voire me fasse induire en erreur par mes propres a priori. Cependant, c’était aussi une éventualité plus que probable qu’il ne fallait pas écarter.

Et un matin, j’ai enfin trouvé.

LE PROCÈS

Le compte de résultat indiquait toujours le même montant pour les commandes de matériel, toujours adressées au même fournisseur, livrées toujours aux mêmes dates. Une automatisation visiblement, rien d’inhabituel si ce n’est que certaines entrées de fournitures étaient ainsi effectuées le dimanche ou les jours fériés. La comptabilisation ne pouvait être réalisée ces jours-ci, or les opérations étaient claires, le matériel avait été reçu et inscrit dans les stocks un jour non ouvrable.

C’est en effectuant des recherches du côté du fournisseur que je me suis aperçu que l’entreprise appartenait à la compagne du proviseur adjoint. Une personne naturellement hors de soupçon et pourtant bénéficiant d’un accès total à la gestion du lycée.

Cela signifiait que le proviseur adjoint subtilisait des fournitures, puis réglait une commande factice à la société de son épouse. Il rendait ensuite le matériel qu’il avait volé en faisant croire qu’il s’agissait de nouvelles acquisitions. Ainsi, il détournait l’argent destiné à l’achat des fournitures avec sa complice.

La police n’eut aucun mal à trouver des preuves de l’absence de livraison chez ce fournisseur et le directeur adjoint avoua aussitôt le détournement de fonds qu’il avait organisé.

Quant à moi, j’ai décidé de faire de la comptabilité juridique mon métier et c’est pourquoi j’ai rejoint l’IGEFI.